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vendredi 7 août 2015

Côte d'Ivoire: Massacres de masse à Sassandra, fosses communes d’Adébem et catastrophe sanitaire imminente : appel à l’aide d’urgence humanitaire

Pendant la crise postélectorale, plus de cent soixante personnes exclusivement de l’ethnie godié ont été massacrées dans les villages d’Adébem, Godjiboué, Trikpoko, Niégrouboué et Gobroko par des soldats des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), des chasseurs traditionnels dozo du nord, leurs supplétifs officiels, et des exécutants locaux



Côte d’Ivoire. Les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 mai 2011, pendant la crise postélectorale, plus de cent soixante personnes exclusivement de l’ethnie godié ont été massacrées dans les villages d’Adébem, Godjiboué, Trikpoko, Niégrouboué et Gobroko par des soldats des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), des chasseurs traditionnels dozo du nord, leurs supplétifs officiels, et des exécutants locaux. Les corps des victimes ont été jetés par les bourreaux dans des fosses communes sur les lieux des crimes. Les quartiers habités par les Godié dans ces cinq villages de la sous-préfecture de Sago, département de Sassandra, ont été pillés et incendiés. 

A Adébem, obéissant à une logique d’épuration ethnique, les hommes des forces armées d’Alassane Dramane Ouattara ont fusillé, égorgé ou brûlé vifs plus de soixante autochtones Godié. Les corps de nombreuses victimes ont été sommairement enfouis dans des fosses communes, à proximité des habitations, des pompes hydrauliques villageoises, des puits, du centre de santé, de la maternité, de l’Ecole primaire publique, du marché, etc. La vie de milliers de personnes est donc menacée par de graves périls : maladies hydriques provoquées par la souillure de l’eau des puits, des pompes et des rivières par des matières libérées par les nombreux corps en décomposition dans les fosses communes, pathologies psychosomatiques (migraines, dépressions, tensions artérielles, problèmes cardiaques, crises de démence) dues aux souffrances mentales et à un stress important, etc. 

La longue et vaine attente de l’exhumation des corps des fosses communes par le gouvernement a amené le chef du village d’Adébem à convoquer une Assemblée générale (Ag), le 25 février 2015, avec « La réponse au péril sanitaire qui menace l’ensemble du village » comme unique question à l’ordre du jour. Ci-dessous un extrait du procès-verbal de l’Ag : « Les participants ont mis en avant les nombreuses incertitudes qui subsistent en matière de contamination de l’eau des puits, du problème d’eau potable et des cas de maladies déjà déclarées. La demande d’exhumation des corps des fosses communes est approuvée à l’unanimité par l’assemblée. Les démarches à engager pour atteindre cet objectif doivent être menées à leur terme dans des délais très courts. » 

Des lettres de demande d’exhumation des corps ont donc été adressées à messieurs Koffi Bony Ernest et N’Gbo Amon Béké, respectivement préfet du département de Sassandra et nouveau sous-préfet de Sago, au président du tribunal et au commandant de la brigade de gendarmerie de la ville, à l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), etc. Les 24, 25 et 27 avril 2015, le préfet Koffi Bony Ernest a dépêché le sous-préfet N’Gbo Amon Béké en mission à Adébem, Niégrouboué et Godjiboué. A Adébem, il a vu les fosses communes et a pu mesurer la gravité des risques encourus, sans que l’indifférence du pouvoir en soit ébranlée. Depuis plus de quatre ans, en effet, aucune action n’a été engagée par les différents gouvernements d’Alassane Dramane Ouattara pour secourir les populations sinistrées. Mme Aïchatou Mindaoudou, la représentante spéciale du secrétaire général des nations unies, qui reconnaît l’existence de fosses communes à Adébem, s’est contentée, le 19 juin 2015, de répondre par écrit au chef du village que l’Onuci « a pris attache avec la cellule des exhumations » du ministère de la Justice. (Cf. lettre de l’Onu ci-jointe). 

Quant à la Cour pénale internationale (Cpi), elle ferme les yeux sur les massacres de masse de la sous-préfecture de Sago qui sont des violations flagrantes du droit international humanitaire dont les quatre Conventions de Genève de 1949, renforçant la protection des populations civiles en temps de guerre, sont les instruments. 

Les fosses communes d’Adébem posent indéniablement des problèmes de santé publique. Pour éviter une catastrophe sanitaire et conformément aux décisions de l’Ag du 25 février, un appel à l’aide d’urgence humanitaire est lancé à l’Union européenne, à l’Union africaine, aux ambassades des Etats unis d’Amérique, de la Fédération de Russie, de la République populaire de Chine, du Japon, du Canada et à toutes les représentations diplomatiques à Abidjan, à la Fondation ivoirienne pour l’observation et la surveillance des droits de l’Homme et de la vie politique (Fidhop), à la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho), à Amnesty international, au Comité international de la croix rouge (Cicr), à la Communauté Sant’ Egidio, à la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh), à Caritas, à Nelson Mandela Foundation, à Médecins sans frontières (Msf), à Médecins du monde, à Human rights watch, à l’Unicef, à Save the children, à toutes les organisations non gouvernementales et à toutes les bonnes volontés. Que les destinataires énumérés ci-dessus veuillent bien accepter que la présente publication tient lieu de notification officielle par Solidarité pour Adébem. 

Fosse commune 1 . Elle est située dans la zone de l’entrée nord d'Adébem, non loin de l’antenne de la société de téléphonie mobile Mtn. Des autochtones Godié en fuite capturés dans les campements ou en d’autres lieux ont été fusillés ou égorgés à cet endroit pendant les journées de terreur sanglante planifiées par des soldats des Frci, des dozos et leurs complices locaux en mai 2011.

Liste partielle des victimes jetées dans cette fosse commune : Bosset Dago Mathieu, Bollet Okoutè, Koukougnon Akré, Gueubeu Gnahoré Loth, Bédi Koukougnon Charles, etc. Ces victimes étaient toutes originaires du village de Godjiboué. 







Fosse commune 2 . Elle est située à proximité d'une maison inachevée du quartier Somané d'Adébem. En contrebas de cette fosse commune, dans le voisinage immédiat, s'étalent plusieurs maisons habitées dont des cuisines, un maquis et un puits. 

Les personnes dont les restes des corps y gisent ont été brûlées vives. Les bourreaux les ont enfermées dans une maison avant d'y mettre le feu. Noms des victimes : Kpassou Banahi Germaine, Dago Jérémie, Dago Lagan Suzanne et son bébé. Dago Lagan Suzanne était enceinte. Le bébé qu'elle attendait a été éjecté de son corps calciné. Il a été la proie des flammes. 





Fosse commune 3 . Elle est collée à une maison habitée, dans la rue principale d'Adébem. Noms des victimes qui y ont été enfouies : Digbeu Gnaba Jean-Baptiste, le patriarche le plus âgé du village au moment de son assassinat, Digbeu Affi, son frère cadet, Beugré Zazou Théodore, Gbalé Babo Daniel et Dobré Dapleu Pierre, le premier homme qui a été fusillé à Adébem par les agresseurs le 6 mai 2011, alors qu’il se trouvait dans sa cour. On imagine le cauchemar permanent que vivent les personnes qui habitent cette maison.

A soixante (60) mètres, en contrebas de cette fosse commune, se trouve une pompe hydraulique villageoise qui fournit de l’eau de consommation à la population, avec tous les risques que cela comporte. Un autre puits est situé à quarante (40) mètres de la même fosse commune. Comme la photo 2, les photos 4 et 5 montrent le sous-préfet de Sago et sa suite - médecin, gendarmes, policiers, photographe, etc. - autour de trois fosses communes. 

Fosse commune 4 . Elle est située à proximité de la rue principale d'Adébem, sur le site qui devait accueillir le foyer polyvalent, au cœur du village. Noms des victimes : Dalli Téty Abel, Lakpa Zahi Bernard et Gbalet Zahi Sept. 

Cette fosse commune matérialisée par deux assemblages rudimentaires de briques est située non loin de la maternité et du centre de santé. Le marché est à moins de vingt (20) mètres, de l’autre côté de la rue principale. 







Fosse 5 . Elle est située derrière la maison en banco qui tient lieu d’église protestante. 

Le lieu de culte précédent n’ayant pas échappé au vandalisme des assaillants. Dépouille de Kragou Zié. Sur la photo, on voit trois militaires de la suite du sous-préfet de Sago à côté de la fosse matérialisée par un bloc de ciment. 









Fosse 6 . Elle est située tout juste derrière une maison habitée, dans le quartier Dohiri, à proximité de la route Lakota-Sassandra. Y gît la dépouille de Paouri Okou Dalè. 

Une pompe hydraulique villageoise se trouve à moins de cent (100) mètres de cette fosse. 

Elle fournit de l’eau de consommation au quartier et plus particulièrement aux instituteurs et à leurs familles, ainsi qu’aux écoliers de l’Ecole primaire publique (Epp) d'Adébem qui est toute proche. La photo montre le sous-préfet et ses accompagnateurs autour de la fosse. 







Fosse 7 . Elle est située sous un acacia, en face de l’Ecole primaire publique (Epp) d'Adébem. 

Nom de la victime dont le corps y a été enfoui à la sauvette : Dagon AWalo Prosper. 

Cette fosse fait peser de graves menaces multiformes sur des dizaines d’enfants, car elle est située à dix (10) mètres de la cour et à quinze (15) mètres de la cantine de l'Epp dont l’effectif est de six cent cinquante (650) écoliers. 







Fosse commune 8 . Il s’agit précisément d’un puits situé non loin de l’antenne de la société de téléphonie mobile Orange, à l’extrémité sud d'Adébem. Selon les rescapés des massacres, plusieurs personnes capturées par les Frci et les dozos ont été torturées près de ce puits, avant d’être froidement fusillées ou égorgées. Leurs dépouilles ont été précipitées au fond du puits. Liste partielle des victimes : Dago Beugré Barthélémy, Zéli Die alias Zorro, Bollet Zoukou alias le maire, Bollet Dally Prince, Ako Gballet Pascal, etc. L'abri de fortune qui protège ce puits des intempéries a été construit en 2012 par les jeunes Godié rescapés. Sur la photo, on voit le sous-préfet de Sago et sa suite devant le puits fosse commune. Adébem, Godjiboué, Trikpoko, Niégrouboué et Gobroko ont besoin d’actions humanitaires urgentes de prévention, de protection et d’assistance, notamment. Le sanguinaire chef dozo Ouattara Bamory et ses hommes, qui ont participé aux massacres de masse de mai 2011, ainsi que d’autres miliciens de même acabit du régime d’Alassane Dramane Ouattara, règnent en maîtres à Adébem et dans la région, en toute impunité. 

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